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Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/249

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LA SANTE DE ROYER-COLLARD 22}

paux monuments que nous avons à réparer. J'ai visité Le Thor, Pernes, Venasque, Carpcntras et Orange. En général j'ai trouvé que tout était arrangé d'une manière satisfaisante. Au Thor, un curé s'est avisé de suspendre une cloche monstrueuse dans une arcade du clocher qu'il a fait entailler exprès. Il en est résulté que les piédroits se sont lézardés et que toute la maçonnerie s'est ébranlée en un seul dimanche de sonnerie à grande volée. J'ai fait aussitôt ma dénonciation au préfet. Il m'a promis de faire descendre la cloche, mais le curé est mort, ce qui est fâcheux, car il m'eût été doux de le ruiner en lui fai- sant réparer le dommage.

« Les gens de Carpcntras ont abattu leurs murailles du côté sud. C'était justement le plus beau côté. Au nord, ils se sont contentés d'en ôter les créneaux et les mâchi- coulis et de bâtir des maisons sur le fossé. Vous ne reconnaîtriez plus la ville. C'est aujourd'hui la plus sale et la plus vilaine bicoque qui se puisse imaginer.

« L'exemple est contagieux. Les Avignonnais se dis- posent à imiter les Carpentoraciens. On a fait un plan de chemin de fer qui détruirait tous les remparts qui longent le Rhône. Ce plan est fort goûté du Préfet, M. Pascal, que j'ai fort scandalisé par mon indignation. Vous savez qu'Avignon forme à un peu près un ovale dont une moi- tié est bordée par le Rhône. De ce côté passe la grande route de Marseille. On veut encore y faire passer le che- min de fer, en sorte qu'il y aurait dans un espace très resserré, bateaux à vapeur, wagons et diligences. Pour le chemin de fer il n'y a de place que sur l'emplacement des remparts. Le pont S. Bénézet serait coupé bien entendu dans cette hypothèse. Les gens d'esprit de-