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Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/292

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266 NOTES SUR PROSPER MÉRIMÉE

M. l'abbé Aubert son président de surveiller la restaura- tion de ces peintures. L'abbé Aubert est à ce qu'on assure un antiquaire instruit, niais n'entend rien aux arts. Le peintre à qui on a confié le travail s'appelle Ivonet; il m'a paru aussi habile que les fumistes piémon- tais qui barbouillent les sept sacrements sur les murs de nos églises du Midi, quand on ne leur donne pas de poêles à remonter.

« Que l'on ait fait des calques exacts ou non, je n'en sais rien. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'on a tout repeint, et de la façon la plus dégoûtante. Cela serait risible si ce n'était pas désolant. Un Christ dans sa gloire et une S tc Radegonde, qu'on prétend avoir été exécutés sur des calques, ne peuvent se comparer qu'aux images de saints à un sou qu'on vend dans les foires. Il n'y a pas le plus petit souvenir de l'art du Moyen-Age, si ce n'est dans une recherche archéologique qui montre que cela n'a pas été fait bonnement par des ignorants, mais par des pédants qui avaient perdu la tête.

«• Les inscriptions qui accompagnent les figures ne sont pas moins extraordinaires. Malgré les affirmations des érudits de Poitiers qui m'assurent qu'on lisait distinc- tement S-> RADEGONDIS, je suis persuadé qu'ils ont pris un U oncial pour un O. Autour des peintures on a peint des écussons grotesques, dont les uns ont des bandes, les autres des barres (sans doute pour faire pen- dant) émail sur émail, etc., et le reste à l'avenant.

a Joly et Chergé ont voulu donner leur avis, on les a envoyés promener.

« J'ai remis au Préfet une note fort longue sur cette énormité. J'en ai envoyé une autre pour être lue à la