Aller au contenu

Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

302 NOTES SUR PROSPER MÉRIMÉE

« Mon cher Confrère,

J'arrive à l'instant. Je ne vais pas vous voir d'après la lettre de François qui me dit que vous avez une lettre à préparer.

« J'ai trouvé un homme parfaitement poli, un peu complimenteur même, et ce qui vaut mieux bienveillant. Les deux passages de ma lettre sur lesquels il a paru un peu insister sont i° la comparaison des descentes de jus- tice dans Gil Blas. — 2° les lettres de l'Arétin que les juges connaissent. Sur le premier chef, j'ai répondu que c'était une plaisanterie, et que quand au fond j'avais eu soin de dire que je citais des brochures déjà publiées dont je ne prenais pas la responsabilité. Je me suis récrié contre l'interprétation qu'on donnait à ma phrase sur l'Arétin. Vous m'accusez non pas d'un outrage à la magistrature, ai-je dit, mais d'une bêtise plus grosse que je n'en peux dire. J'ai dit un tniisiu à savoir qu'un juge devait mieux qu'un homme du monde connaître de nom un livre défendu et poursuivi. Le reste de la séance qui a été fort longue s'est passé à me montrer des traces d'estampilles fort vagues, à me prouver qu'il y avait Casa- lïbus sur le Catulle, qu'il n'y avait pas de sonnets sur la marge du Bembo. Toutes choses dont je suis convenu de bonne grâce. En somme j'ai dit que je m'étais trompé sur un certain nombre de points, que mes erreurs venaient plus d'une fois d'erreurs matérielles dans l'acte d'accusa- tion, expliquées et interprétées depuis, mais que j'avais dû relever n'ayant pas connaissance des pièces ou des motifs qui les avaient occasionnées. J'ai protesté de mon respect pour la magistrature, et j'ai ajouté que la conversation