J08 NOTES SUR PROSPER MÉRIMÉE
soient Messieurs '. » Et il s'amusait beaucoup de l'aventure arrivée à de Saulcy dans une maison amie où il s'était permis les propos les plus « canonniers » sur les juges; il avait « pris à témoin de la bêtise, sottise, ignorance, vanité, etc. des susdits », un Monsieur très correct qu'il ne connaissait pas et qui se trouvait être un des juges de Mérimée, M. Borelli, qui « comme M. Mabul, aurait voulu être ailleurs 2 ».
Du reste, il ne s'ennuyait pas, écrivait à ses amis de longues lettres datées de la Conciergerie. « Je me crois dans un caravansérail de l'Asie Mineure arrêté faute de chevaux dans quelque khani. » Il recevait cependant la visite d'un de ses co-détenus, M. Bocher, dont il admire les bottes « jaunes avec des découpures de toutes les couleurs ». Il raconte un dialogue entre un Habit noir et un pantalon jaune, qui avait tué son oncle 3 ; il met ses amis au courant de la cuisine, s'occupe des Faux Dcinc- trius, 4 en somme passe si bien son temps en prison que lorsqu'il en sort il s'aperçoit qu'il ne s'est pas ennuyé une minute 5.
i. Lettre inédite déjà citée à Madame de Lagrené.
2. Id. Cf. Lettres à une inconnue, I, 322. Avant d'aller à la Concier- gerie, il remettait à la Commission des Monuments historiques une note de 11 pages in-fol. sur un nouveau projet de restauration proposé pour la cathédrale de Laon par un officier du génie (fol. 291).
3. Lettre inédite du 11 juillet 1852 à Madame de Lagrené. Cf. Lettre à Lenormant du 14 juillet au soir, dans la Revue de Paris, p. 440-2, où elle porte par erreur la date du 4.
4. Lettre du 22 juin 1853 publiée dans l'Intermédiaire du 20 no- vembre 1893 (xxvm, 575).
5. Même en prison, il trouvait encore le moyen de secourir les mal- heureux. Voici, par exemple, un billet à M. de Mercey :
« Mon cher Confrère, « Permettez-moi de vous demander votre protection pour un jeune
