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Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/349

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LES HONNEURS 323

fois à M r de Persigny, et j'ai su qu'il était d'avis il y a un an qu'on me pendit. J'espère cependant que M r P., qui est très complaisant pour moi aura apporté quelque chaleur à solliciter son collègue. J'ai surtout grand espoir dans le Préfet, qui en pareille affaire est tout puissant.

« Je vais à Trouville la semaine prochaine, et je pars pour Madrid à la fin du mois. D'après ce que m'a dit Courmont je pourrai bien rencontrer M. Lenormant à Bordeaux et lui faire voir les beautés de la ville. J'entends les beautés monumentales.

« Adieu Madame, veuillez agréer l'expression de tous

mes hommages respectueux.

« P r Mérimée.

« Jeudi soir.

« n août 1853. »

D'Espagne, Mérimée écrivit de nombreuses lettres. La suivante, adressée à M me C..., se classe certainement parmi les plus jolies qui soient sorties de cette plume si spirituelle :

« Carabanchel, 16 octobre 1853.

« Madame, avez-vous pensé quelquefois au plus humble de vos serviteurs qui depuis bien longtemps n'a plus l'honneur de vous faire la cour? Pour moi, au mi- lieu de mon paradis, mes pensées s'échappent bien sou- vent vers votre lac ou vers la rue de la Villc-l'Evcque. Je crois vous avoir écrit dans les premiers jours de mon arrivée ici; cependant je n'en suis pas très sûr. Le fait est que je suis très distrait et très absorbé par la vie que je mène. Je ne fais rien et cela occupe beaucoup quand on est entouré par neuf femmes dont cinq demoiselles très