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LA JEUNESSE DE MERIMEE 9

C'est à cette époque qu'il se lia avec M me de Montijo '. Pendant son absence éclata la révolution de 1830, et il ne rentra en France que dans les derniers mois de l'année, pour être incorporé dans l'artillerie de la garde natio- nale, où il se rencontra avec Cavaignac, Arago, Bastide, Alexandre Dumas, Bixio. Il avait « un habit militaire bleu, avec des épaulettes et une fourragère rouge; il por- tait une flamme de crin rouge à son shako, des bandes rouges à son pantalon 2 ». C'est en cette qualité qu'il adressa à Bixio le billet inédit suivant, qui fut le com- mencement d'une longue amitié :

« Monsieur et cher camarade, je vous envoie un mous- queton n° 97, qui est je crois à vous. On l'a laissé ce matin au corps de garde à la place du mien. Je suppose que vous l'aurez prêté à un de vos amis qui aura fait l'échange sans s'en apercevoir. Je vous serais fort obligé de vouloir bien le prévenir, et de le prier de faire remettre mon mousqueton, rue des Petits-Augustins n° 16, École des Beaux-Arts.

« Le mousqueton que je réclame n'est point poinçonné, et mon nom est écrit sur la bandoulière.

« Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mes sen-

timens les plus distingués.

« P. Mérimée. »

28 X« (1850?).

1. Il échangea avec elle plus de quinze cents lettres (il lui écrivait toutes les semaines), dont M. Filon a pu prendre connaissance — du moins en partie, — pour l'ouvrage qu'il a consacré à Mérimée et ses amis (Paris, Hachette, 1894). 11 semble n'avoir utilisé qu'une centaine de- lettres environ, de 1843 à 1870.

2. Mémoires d'Alexandre Dumas, VII, 15g. Mérimée et Humas mon- tèrent un jour une garde ensemble, et ils passèrent leur temps à causer peinture, littérature et architecture.