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Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/356

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i JO NOTES SUR PROSPER MERIME1

M. le Sénateur Prosper Mérimée, directeur ». Après avoir déclaré la séance ouverte, Mérimée prit la parole '. 11 commença par rendre hommage à Yitet, organisateur du

service îles Monuments historiques. 11 montra les monu- ments « abandonnés, sans réparations, presque sans entre- tien, ou, ce qui était souvent plus funeste pour eux, livrés à des mains inhabiles qui les mutilaient sous pré- texte de les restaurer ». Heureusement, il y eut une « ré- volution dans le goût public », favorisée par le gouverne- ment. « Chacun apportait le tribut de son talent à cette œuvre de réparation. Mais ni l'érudition, qui recherche et retrouve l'histoire oubliée de nos vieux monuments, ni l'art qui sait observer leurs caractères et reproduire leurs formes, ni l'éloquence qui leur gagne et leur assure le respect populaire, n'auraient suffi pour prévenir leur ruine, et réparer les outrages que le temps et la barbarie leur avait fait subir. » Il manquait l'argent. « Nous sommes si pressés de jouir du présent, de recueillir les bienfaits des inventions modernes, qu'à peine avons- nous le loisir de songer au passé... L'héritage que les arts du Moyen Age nous ont laissé est glorieux sans doute, mais il a ses charges et elles sont considérables. » Mérimée montrait' avec quelle ardeur les architectes des xi e -xvi e siècles avaient couvert notre pays de monu- ments. « C'était le luxe, le besoin, la passion du Moyen Age. En bâtissant un château on obtenait la sécurité pour soi et l'autorité sur ses voisins. En bâtissant une église ou

i. Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, XX (1854), p. Li-LVii. Ce discours de Mérimée n'a jamais été reproduit ni cité. Il n'est même pas signalé dans les excellentes bibliographies de MM. Tour- neux et Spoelberch.