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Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/357

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RECOMMANDATIONS ET DISCOURS 3 } I

un monastère, on expiait ses péchés, on croyait gagner Le ciel. Alors, on négligeait à la vérité les ponts et les routes, on ne pavait guère les rues, on les éclairait encore moins, mais on élevait d immenses cathédrales et des hôtels de ville splendides. Les bourgeois de cette époque savaient se passer de réverbères et de bornes-fontaines, mais ils voulaient que leur église fût la plus belle de la province, et que leur beffroi annonçât leur cité de plu- sieurs lieues à la ronde. Pour décorer leurs édifices pu- blics, ils n'épargnaient aucune dépense ; tous les arts se réunissaient pour les embellir : la pierre curieusement travaillée passait des mains du sculpteur dans celles du peintre pour recevoir l'éclat de l'or et des couleurs. Les fenêtres étaient d'immenses tableaux transparents. A cette époque, où tout ce qui tenait à la vie commune était simple et presque grossier, l'art trouvait partout sa place. Telles avaient été les mœurs des Athéniens, ces grands maîtres en tous les arts, avec lesquels nos hommes du Moyen Age ont plus d'un trait de ressemblance. » Tous ces monuments ne pouvaient recevoir à la fois des secours : on commençait par ceux qui étaient les plus menacés. « Cette année même, tandis que les soins d'une guerre lointaine commandent de grands sacrifices, le cré- dit affecté aux monuments historiques a été notablement augmenté, et l'Empire, qui repousse en Orient une inva- sion de barbares, a trouvé des ressources pour effacer chez nous, les traces des ravages exercés par les barbares d'autrefois. » Mérimée continua par l'éloge des archi- tectes et des ouvriers qui les aident « avides d'apprendre et jaloux de faire voir qu'ils n'ont pas dégénéré de l'habi- leté de leurs devanciers », puis s'éleva avec force contre le goût de l'imitation de l'art classique.