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Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/386

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}6o NOTES SUR PROSPER MÉRIMÉE

restait trois semaines. Il écrivait à Grasset, une lois de retour à Paris :

« Paris, io décembre [1858].

« Mon cher ami, mes relations avec M. Gladstone con- sistent à avoir lait un assez mauvais déjeuner chez lui et un bon dîner chez je ne me rappelle plus qui. Ce serait un grand hazard s'il se souvenait de moi. Cependant voici quelques lignes pour ce grand homme ; s'il vous répond qu'il ne me connaît plus envoyez le promener, pour moi je me soucie médiocrement de ce qu'il pensera de moi qui lui recommande quelqu'un, étant à peine connu de lui moi-même. Vous savez la raideur d étiquette des Anglais. Je manque peut-être aux régies établies, mais je m'en moque du moment que cela peut vous être agréable. Voici donc la lettre susdite. Je regrette de vous l'avoir fait attendre, mais après avoir passé trois semaines à Compiègne, je suis allé voir un ami à la cam- pagne et ne fais que de rentrer à Paris où j'ai trouvé trois lettres de vous. Comment un homme aussi au fait que vous des manières orientales se fait-il envoyer du vin en baril ? 11 est tout simple que les marins aient goûté votre Chypre et encore plus simple qu'ils l'aient bu. Lorsque M. Sabatier m'a envoyé du mastic, trois bouteilles sont arrivées à moitié vides, mais cela vaut mieux que rem- plies d'eau de mer. Je crains fort pour le vin de Schiraz, mais je ne le regretterai guère, car j'ai mauvaise opinion des palais orientaux. Ils ne demandent au vin qu'une chose c'est de les griser, et ils ne tiennent guère au goût du breuvage pourvu qu'il leur tape la tête. Mon postillon turc m'a bu une bouteille d'eau de Cologne et l'a trouvée très bonne.