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Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/387

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LENORMANT 36 I

« Je viens de passer 21 jours en fêtes, chasses, pro- verbes, charades, etc. et ce qui vous étonnera, vous qui connaissez mes goûts, c'est que je ne me suis pas ennuyé. Sauf l'obligation du pantalon collant à 7 heures du soir on était aussi libre que chez de bons propriétaires, gens du monde et aimant la liberté. Le maître et la maîtresse de la maison se donnaient beaucoup de peine pouramuser leurs botes. En somme nous étions fort bien et nous nous sommes séparés avec regret tous tant que nous étions d'invités. Je n'ai pas encore rencontré M. Thouvenel. Il est vrai que depuis mon retour de Florence je n'ai passé que très peu de jours à Paris. Je crois d'ailleurs qu'il est allé à la campagne lui-même. Je ne comprends guère ce que vient faire M. Gladstone. Sa mission me parait fort peu agréable pour le gouverneur général et je comprends encore moins comment en allant à Athènes le commissaire extraordinaire pourra établir la situation des Sept Iles. Au fait il y a une façon de tout expliquer, c'est que lord Derby pour s'assurer ou la coopération ou la neutralité de M. Gladstone lui a procuré l'agrément de vovager à l'œil. Avez-vous lu son commentaire sur Homère? C'est quelque chose de curieux par l'érudition, l'éloquence et la niaiserie. Il y a de tout cela et à forte dose. Je suis malade du spleen et de spasmes d'estomac fort ennuyeux. Je ne sais si je suis asthmatique ou malade des nerfs. Je penche pour le dernier, car je grimpe encore assez bien aux montagnes et n'en souffre pas trop. J'ai eu une crise du diable à Brescia au milieu des marais. Adieu mon cher ami, je voudrais avoir de l'argent par acheter une maison à Venise ou à Florence ou à Menton, et y vivre avec un chat et une fille qui me tiendrait les pieds