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Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/400

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J74 NOTES SUR PROSPER MÉRIMÉE

tion encore moins. A tout prendre nous sommes sous ce rapport mieux que tous nos voisins.

« L'ennuyeuse affaire d'Italie a peut-être cela de bon qu'elle empêche les Italiens de faire bien des bêtises, par exemple d'attaquer l'Autriche. Nos curés paraissent s'apercevoir qu'ils ont montré leurs cornes un peu trop tôt. L'agitation qu'ils font ne dépassent pas les sacristies et les salons. Les Orléanistes ont prêté à rire en défendant le temporel, mais les partis ont toujours la même tactique, qui est de trouver mal tout ce qu'ils ne font pas. L'em- barras de l'année prochaine, si l'imprévu sur lequel il faut compter n'arrive pas, sera de contenter les Chambres. Elles veulent qu'on vote le budget par articles, et qu'il n'y ait pas de crédits extraordinaires. Si cela peut s'arranger, tout ira parfaitement bien ; mais je crains plus d'un tirail- lement. Vous nous prenez pour des cornichons de croire à l'unique femme du sultan. Cela est bon pour les An-

en votre qualité de jeune homme vous aviez compté sur la guerre. En ma qualité de vieillard je m'en fiais à la lâcheté humaine et j'ai eu rai- son. Il est heureux d'ailleurs pour ces damesque vous ayez perdu. Il y a des violettes à Paris, à ce qu'il paraît, tandis qu'à Cannes, je n'aurais trouvé que des olives. Nous avons ici un temps de chien. Le vent d'Est qui vous apporte le beau temps à Paris nous souffle des tempêtes. C'est aujourd'hui un déluge. La mer sous mes fenêtres est d'un beau rouge sang, histoire de la terre rouge que tous nos torrents y charrient.

« Je vous remercie mille fois d'avoir bien voulu vous occuper de mon éros. Je ne sais pas plus que vous à quel ministre s'adresser pour la médaille qu'il a méritée, mais je suis sûr que votre recommandation est la meilleure qu'on pût envoyer. Bien entendu, après celle de la belle dame dont vous me parlez, mais je ne suis pas au nombre de ses adora- teurs et même je suis du parti de sa rivale. De toute façon j'aime bien mieux vous avoir l'obligation tout entière.

<i Veuillez agréer Monsieur, avec tous mes remerciements, l'expression de mes sentiments bien dévoués.

« P r Mérimée. »