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Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/431

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INTRIGUES ACADÉMIQUES 405

A M me Przedziecka, il disait : « Paris est aussi triste que possible. Il n'y a plus de gens du monde, et les gens d'affaires, qui en font les honneurs ont des mines longues et désolées. Tout le monde a peur sans trop savoir pourquoi. C'est une sensation comme celle que fait éprouver la musique de Mozart, lorsque le Comman- deur va paraître. M. de Bismarck, qui est le Commandeur, ne paraîtra pas cependant, à ce que je crois, et les bruits de guerre n'ont rien de sérieux. Mais il y a un malaise universel et on est nerveux. Le moindre événement est attendu comme une catastrophe. Enfin, on est bête et ennuyé... « »

En juin 2 1868, la cour est à Fontainebleau. « On a joué à la dictée, écrit Octave Feuillet à sa femme. C'était M. de Montbrun qui dictait des mots impossibles. Cha- cun écrivait en se torturant l'esprit. L'Empereur a fait onze fautes, moi je ne sais combien j'ai pu en faire. C'est M me de Sancy qui a remporté la victoire '. » La dictée était un jeu fréquent à la Cour.

On a souvent parlé de la fameuse dictée attribuée à Mérimée, que l'on ne connaît intégralement que depuis peu, grâce à M. Léo Claretie 4. Il n'est pas inutile de la reproduire :

1. Lettres à une autre inconnue, p. 126 [9 octobre 1867].

2. En murs avait eu lieu l'élection du P. Gratry à l'Académie fran- çaise. Cf. lettre de S !c -Beuve a Mérimée, du 28 mars 1868, dans Lettres à la Princesse, p. 330 (note). Le Père Gratry devait, à l'Académie, siégera côté de Mérimée. Cf. Lettres à Pani^i, II, 385.

3. M"" O. Feuillet, op. cit., p. 329.

4. Le Monde moderne, décembre 1900, XII, 814.