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Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/69

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LA LIAISON' AVEC GEORGE SAND 43

dédommager, je ne trouvai qu'une raillerie amère et fri- vole. Ce fut tout, et l'on a résumé toute cette histoire en deux mots que je n'ai pas dits, que Madame Dorval n'a ni trahis, ni inventés et qui font peu d'honneur à l'ima- gination de M. Dumas.

« Si Prosper Mérimée m'avait comprise, il m'eût peut-être aimée, et s'il m'eût aimée, il m'eût soumise, et si j'avais pu me soumettre à un homme, je serais sau- vée, car ma liberté me ronge et me tue. Mais il ne me connut pas assez et au lieu de lui en donner le temps, je me décourageai tout de suite et je rejetai la seule condi- tion qui pût l'attirer à moi. Après cette ânerie je fus plus consternée que jamais...

« Peu à peu, je me suis remise... »

Quoi qu'il en soit, la liaison ne fut pas de longue durée. Que ce soit pour avoir trouvé son portrait — peu flatté — écrit par G. Sand, comme le dit M. d'Haus- sonville l , ou pour des raisons plus intimes s'il faut en croire certaine lettre adressée à George Sand et attribuée à Mérimée, qui courait il y a quelques années sous le manteau 2 , les deux amants se séparèrent brouillés à mort, G. Sand déblatérant contre lui, et Mérimée faisant courir

1. C te d'Haussonville, Prosper Mérimée, Hugb Elliot, Paris, C. Lévy. 1888, in-18, p. 14-16

2. « Depuis que George Sand est redevenue à la mode, on colporte, sous le manteau, la lettre de rupture qu'écrivit à « son George » Mérimée après une intimité de huit jours. La lettre a trois grandes pages, est remplie de très beaux sentiments, exprimés avec une emphase peu habituelle à Mérimée : il proteste de son amitié, mais croit qu'elle et lui ont mieux à faire qu'à se disputer. Ensuite vient la signature, et enfin un post-scriptum laconique » (Le Cri de Paris du 28 février 1898, p. 4, col. 2). Une question posée à ce sujet l'an dernier dans Y Intermédiaire des Chercheurs est restée, jusqu'à présent, sans réponse.