Page:Chambrier - Au delà (Fischbacher 1886).djvu/128

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Il attire vainqueur la comète éperdue,
À l’heure où celle-ci s’engouffrait dans la nuit ;
Il lui rend ses clartés et sa force perdue,
Et, joyeuse et superbe, elle revient à lui.

C’est ainsi que parfois l’âme humaine s’égare,
Astre fait de lumière et de souffle divin,
Loin de son Créateur dont elle se sépare
Pour rechercher le mot du grand problème humain.

Seule, elle veut aller jusqu’au bout des sciences ;
Prise au perfide attrait d’un rêve ambitieux,
Elle veut découvrir en ses tristes démences
Le pourquoi de la terre et le pourquoi des cieux.

Elle va, jusqu’au jour où, lassée, abattue,
Elle ne trouve plus que tristesse et néant,
Où, prise d’un dégoût qui l’accable et la tue,
Elle s’arrête au seuil de l’abîme béant.

Mais si loin qu’elle fuie, égarée en cette ombre,
Il n’est jamais trop tard pour espérer encor ;
Dieu la voit avancer sur cette route sombre,
Il la voit s’engloutir lentement dans la mort.