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344 ŒUVRES

barbare dureté. Il avait conservé, jusqiies dans iiij âge avancé, une ambition aveugle, qui, sur la foi d’une constitution robuste, se promettait un long avenir. Il avait souvent souhaité la place de contrôleur-général, et l’on croyait qu’il y serait appelé pour déclarer la banqueroute de l’état. Son nom seiden était comme l’avant-coureur, et Foulon ne s’en affligeait pas. On assure qu’il se croyait re- commandé à la cour par cette horreur publique, peu redoutable selon lui, et à travers laquelle il avait marché vers la fortune. La place de contrô- leur-général n’étant point vacante et se trouvant beaucoup mieux occupée par M. Necker, qui ne voulait point de banqueroute, Foulon se crut heureux de devenir en quelque sorte le collègue du maréchal de Rroglie. C’est à ce comble des honneurs que l’attendait une révolution dont ni lui ni ses complices ne pouvaient se faire l’idée, pensant comme Narcisse ( i ), qu’on ne lasserait jamais la patience française. Saisi d’épouvante à ce dénouement imprévu, à cette fuite de plusieurs princes, et même d’un général darmée son col- lègue, Foulon courut se cacher dans ses terres. Mais elles ne pouvaient être un asile pour lui ; il y était abhorré. On lui imputait d’avoir dit fréquem-

(l) l\n cent fois, dans le cours rlc ma gloire [jassée, Tenté leur patience, et ne l’ai point lassée.

BaiTANKicus, acce iy, scène iv.