Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/277

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DE CnAMFORT. a^S

épreuve à peu près pareille. Il lui renditdes soins, quand d'autres avaient la maladresse de l'aban- donner. Il était juste qu'un commandement fût la récomoense de cette attention. La France avait deux armées en Allemagne : l'une aux ordres de M. de Soubise , intime ami de madame de Pom- padour , par conséquent inamovible ; l'autre aux ordres de M. d'Étrées, général estimé , mais qu'elle n'aimait pas : ce fut donc celui-ci qu'il convenait de dépouiller. L'un des ministres , M. de Puisieux, son beau-père , le prévit , et lui écrivait : « Vous » êtes desservi ; déjà même on vous donne un suc- » cesseur. Donnez la bataille ; si vous la gagnez , » on vous regrettera; si vous la perdez, il n'en sera » ni plus ni moins. » Vingt ou trente mille Français tués sans objet , étaient peu de chose pour M. de Puisieux, quand son gendre était prêt de ne plus commander. Le gendre profita du conseil , risqua tout pour rien, livra la bataille et la gagna : succès inutile , c'était le signal de son rappel.

M. de Richelieu , nommé son successeur , le rencontra à Strasbourg, déjà traité, quoique loin de la cour, en général disgracié, abandonné de ses officiels généraux, et resté seul avec sa vic- toire qui n'avait point réussi à Versailles. Le nouveau général ne put s'empêcher de dire à cette occasion : « C'est donc presque toujours aux » places que nous devons les hommages qu'on « nous rend! » A la nuance d'étonnement que suppose cette réflexion, on ne reconnaît pas l'es-

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