Et non deux ; souviens-t-en, et parle au singulier.
Tu le veux : eh bien ! soit. Je vais vous… tutoyer.
Mon père est indulgent ; mais ma trop longue absence
A peut-être depuis lassé sa patience ;
Après tous les chagrins que j’ai pu lui donner,
Le penses-tu ? peut-il encor me pardonner ?
Tu ne sais ce que c’est que l’âme paternelle.
Dès qu’un enfant revient se ranger sous notre aile,
On n’examine plus s’il est coupable ou non ;
Et l’aveu de l’erreur est l’instant du pardon.
Mais après ce qu’ici je consens à te dire,
Si désormais encor un imprudent délire
T’égarait, t’éloignait des routes du devoir,
Si d’un pareil aveu tu t’osais prévaloir,
Je te mépriserais sans retour ; mais je pense
Qu’après cinq ans entiers d’erreurs et d’imprudence,
Le fils infortuné d’un ami généreux,
Puisqu’il s’adresse à moi, veut être vertueux :
Et pour me mettre en droit d’adoucir ta misère…
Ta misère… oui. Voyez un peu la belle affaire…
Regardez comme il est confus, humilié,
Pour ce mot de misère !… Ô ciel ! quelle pitié !
De ton père envers moi l’amitié peu commune
Dernièrement encor a sauvé ma fortune.
Je perdis deux vaisseaux, presqu’au port, sous mes yeux ;
On me crut sans ressource : un créancier fougueux,
Afin de rassurer sa timide avarice,
Veut que je fixe un terme, et que j’aille en justice,