Page:Champfleury - Grandes Figures d’hier et d’aujourd’hui, 1861.djvu/260

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Quelques romantiques refroidis ont déclamé contre le laid comme de simples rienologues.

Les amateurs de rubans passés et de fard ranci qui chantent les exploits des filles du dix-huitième siècle, tremblent devant les babits noirs, et s’écrient : « Le monde est perdu, il n’y a plus ni pompons, ni mouches, ni faveurs roses. »

On veut que M. Courbet soit un sauvage qui ait étudié la peinture en gardant les vaches.

Quelques-uns affirment que le peintre est un chef de bandes socialistes.

Enfin, l’opinion des badauds peut se résumer dans cette phrase connue qui florissait sous l’Empire :

« Tout ce qu’on voit dans ces peintures est d’un si mauvais choix qu’on n’y reconnaît la nature que dans sa dégradation. Les figures d’hommes sont laides et mal faites, leurs habits grossiers, leurs maisons mesquines. On n’y trouve qu’une vérité basse. »

L’académicien qui parlait ainsi en 1810 entendait désigner Teniers, Ostade et Brawer. Les critiques de 1850 n’ont rien changé aux arguments de l’académicien.

Ô misères !

Il ne se fait pas tant de bruit autour d’un tableau sans qu’il ne renferme des qualités sérieuses. Or, la critique qui nie rend plus de services que celle qui affirme. Le contre est plus utile que le pour. C’est par de semblables moyens non voulus qu’on fait le succès d’une œuvre. « J’aime mieux mes ennemis que mes amis, » disait un grand homme qui savait combien la langue démange aux détracteurs, et il avait raison. La patrie est en danger ! s’écrie le Constitutionnel à propos du tableau de M. Cour-