Page:Champfleury - Grandes Figures d’hier et d’aujourd’hui, 1861.djvu/263

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pense que les grands chapeaux, que loue le chapelier Cuenot pour les enterrements, sont cause qu’on ne s’occupe pas d’Étienne Nodier, qui porte le corps avec le père Crevot.

Les sœurs de Courbet ne savent que penser des journaux que leur envoie leur frère de Paris ; elles sont tellement sûres de ses intentions qu’elles essayent de prouver par tous les moyens que « Gustave » n’a pas songé à se moquer des personnes de la ville. Elles vont chercher la Fili Caillot qui a posé dans le portrait, et la Joséphine Bocquin, celle qui pleure et qui a un capuchon sur la tête, et leur montre un journal où on les a trouvées jolies. Les femmes, heureuses de voir un compliment imprimé, sont presque convaincues lorsque le gros Mari et entre ; il reçoit la Presse et lit un article où le critique affirme que le peintre a fait exprès de charger ses compatriotes, afin de paraître plus beau.

— Le journal a raison , dit le gros Marlet. Puisque Courbet sait s’embellir, il pouvait bien nous faire comme lui.

— Il n’est déjà pas si beau, avec sa pipe ! s’écrie la mère Promayer.

Seul, le fossoyeur Cassart ne dit rien. L’habitude d’enterrer les gens lui a appris à réfléchir, et il ne lâche pas ses mots comme un étourneau. Il écoute en caressant son chien les reproches du gros Tony Marlet , et s’éloigne en sifflant du côté de la vallée de Manbouc.

J’ai essayé de peindre les propos de petite ville à l’occasion des personnages de l’Enterrement à Ornans. Il était plus important qu’on ne le pense d’établir la position des types du tableau de M. Courbet, qu’on veut