Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 1, 1870.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ceptés, et l’on était sur le point de rassembler les forces suffisantes.

Champlain en témoigna son mécontentement à Mahigan-Atic, qui lui fit part de ce projet. Il lui dit qu’il lui savait bon gré de son avis, mais qu’il trouvait fort mauvais que le Réconcilié et autres chefs eussent accepté ces présents, et se fussent engagés dans cette guerre sans l’en prévenir, vu qu’il s’était lui-même entremêlé de faire la paix pour eux avec les Iroquois ; qu’ils allaient rompre un traité qu’on avait eu tant de peine à conclure, juste au moment où l’on commençait à en ressentir les heureux effets, et qu’il regarderait comme ses ennemis tous ceux qui prendraient part à cette malheureuse expédition.

Mahigan-Atic comprit qu’ils avaient fait une grande faute, et il conseilla d’envoyer quelqu’un aux Trois-Rivières pour arrêter le coup. Champlain chargea son beau-frère de cette mission délicate. Boullé était digne de cette confiance ; il réussit à convaincre les sauvages de l’imprudence de leur démarche, et il fut convenu qu’on ne ferait rien jusqu’à ce que tous les vaisseaux fussent arrivés, et que les autres nations qui devaient descendre fussent toutes assemblées.

Aussitôt qu’Émeric de Caen fut prêt à monter à la traite, Champlain lui recommanda de faire tous ses efforts pour achever l’œuvre de pacification si bien commencée. «Mais, ajoute l’auteur, il ne sut tant faire, ni tous les sauvages qui étaient là, que neuf ou dix jeunes hommes écervelés n’entreprissent d’aller à la guerre.» Ils revinrent avec deux iro-