CHAPITRE III.
E 9. iour de Iuin, les Sauuages commencerent à ſe reſiouïr tous enſemble & faire leur tabagie, comme i’ay dict cy-deſſus, & danſer, pour laditte victoire qu’ils auoient obtenuë contre leurs ennemis. Or, aprés auoir faict bonne chere, les Algoumequins, vne des trois nations, ſortirent de leurs cabannes, & ſe retirerent à part dans vne place publique, feirent arranger toutes leurs femmes & filles les vnes prés des autres, & eux ſe meirent derriere, chantant tous d’vne voix comme i’ay dict cy deuant. Auſſi toſt toutes les femmes & filles commencerent à quitter leurs robbes de peaux, & ſe meirent toutes nuës, monſtrans leur nature, neantmoins parées de matachias, qui ſont patenoſtres & cordons entrelacez, faicts de poil de porc-eſpic, qu’ils teignent de diuerſes couleurs. Aprés auoir acheué leurs chants, ils dirent tous d’vne voix, ho, ho, ho ; à meſme inſtant, toutes les femmes & filles ſe couuroient de leurs robbes, car elles ſont à leurs pieds, & s’arreſtent quelque peu, & puis auſſi toſt recommençans à chanter, ils laiſſent aller leurs robbes comme auparauant. Ils