Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 2, 1870.djvu/25

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trouuerez icy. ” Ils paſſerent plus outre, ſans faire eſtat de ce que Dieu leur auoit dict ; lequel print vne pierre, & en toucha deux, qui furent tranſmuez en pierre, & dict de rechef aux trois autres : « Où allez-vous ? » Et ils reſpondirent comme à la premiere fois ; & Dieu leur dit de rechef : « Ne paſſez plus outre : vous la trouuerez icy. » Et voyant qu’il ne leur venoit rien, ils paſſerent outre ; & Dieu print deux baſtons, & il en toucha les deux premiers, qui furent tranſmuez en baſtons, & le cinquieſme s’arreſta, ne voullant paſſer plus outre. Et Dieu lui demanda de rechef : « Où vas-tu ? — Ie vais chercher ma vie. — Demeure, & tu la trouueras. » Il demeura ſans paſſer plus outre, & Dieu luy donna de la viande, & en mangea. Aprés auoir faict bonne chere, il retourna auecque les autres ſauuages, & leur raconta tout ce que deſſus.

Il me dict auſſy qu’vne autre fois il y auoit vn homme qui auoit quantité de tabac (qui eſt vne herbe dequoy ils prennent la fumée), & que Dieu vint à cet homme, & luy demanda où eſtoit ſon petunoir ; l’homme print ſon petunoir, & le donna à Dieu, qui petuna beaucoup. Aprés auoir bien petuné, Dieu rompit ledict petunoir en pluſieurs pieces, & l’homme luy demanda : « Pourquoy as-tu rompu mon petunoir ? eh tu vois bien que ie n’en ay point d’autre. » Et Dieu en print vn qu’il auoit, & le luy donna, luy diſant : “ En voilà vn que ie te donne, porte-le à ton grand Sagamo ; qu’il le garde, & s’il le garde bien, il ne manquera point de choſe quelconque, ny tous ſes