Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 2, 1870.djvu/26

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compagnons. ” Le dict homme print le petunoir, qu’il donna à ſon grand Sagamo ; lequel tandis qu’il l’eut, les ſauuages ne manquèrent de rien du monde ; mais que du depuis le dict Sagamo auoit perdu ce petunoir, qui eſt l’occaſion de la grande famine qu’ils ont quelques fois parmy eux. Ie luy demandis s’il croyoit tout cela ; il me dict qu’ouy, & que c’eſtoit vérité. Or ie croy que voilà pourquoy ils diſent que Dieu n’eſt pas trop bon. Mais ie luy repliquay, & luy dis, Que Dieu eſtoit tout bon, & que ſans doubte c’eſtoit le Diable qui s’eſtoit montré à ces hommes-là, & que s’ils croyoient comme nous en Dieu, ils ne manqueroient de ce qu’ils auraient beſoing ; que le ſoleil qu’ils voyoient, la lune & les eſtoilles, auoient eſté creez de ce grand Dieu, qui a faict le ciel & la terre, & n’ont nulle puiſſance que celle que Dieu leur a donnée. ; que nous croyons en ce grand Dieu, qui par ſa bonté nous auoit enuoyé ſon cher fils, lequel, conceu du Sainct Eſprit, print chair humaine dans le ventre virginal de la Vierge Marie, ayant eſté trente-trois ans en terre, faiſant vne infinité de miracles, reſſuſcitant les morts, gueriſſant les malades, chaſſant les Diables, illuminant les aueugles, enſeignant aux hommes la volonté de Dieu ſon pere, pour le ſeruir, honorer & adorer, a eſpandu ſon fang, & ſouffert mort & paſſion pour nous & pour nos pechez, & rachepté le genre humain, eſtant enſeuely eſt reſſuſcité, deſcendu aux enfers, & monté au ciel, où il eſt aſſis à la dextre de Dieu ſon pere[1]. Que c’eſtoit là la croyance de tous

  1. Lescarbot fait sur ce passage la remarque suivante : « Ie ne croy point que cette