Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 2, 1870.djvu/39

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qui eſt proche de la bande du Nort, où ie fus, à quelques ſix petites riuieres, dont il y en a deux qui peuuent porter bateau allez auant, & vne autre[1] qui a quelques trois cens pas de large ; a ſon entrée il y a quelques iſles ; elle va fort auant dans la terre, eſt la plus creuſe de toutes les autres ; leſquelles ſont fort plaiſantes à veoir, les terres eſtans pleines d’arbres qui reſſemblent à des noyers, & en ont la meſme odeur, mais ie n’y ay point veu de fruict, ce qui me met en doubte. Les ſauuages m’ont dict qu’il porte ſon fruict comme les noſtres.

Paſſant plus outre, nous rencontraſmes vne iſle qui s’appelle Sainct Eloy[2], & vne autre petite iſle, laquelle eſt tout proche de la terre du Nort. Nous paſſaſmes entre laditte iſle & laditte terre du Nort, où il y a de l’vn à l’autre quelques cent cinquante pas, De laditte iſle iuſques à la bande du Su vne lieuë & demye, paſſaſmes proche d’vne riuiere où peuuent aller les canots. Toute ceſte coſte du Nort eſt aſſez bonne ; l’on y peut aller librement, néantmoins la ſonde à la main, pour eſuiter certaines poinctes. Toute ceſte coſte que nous rangeaſmes eſt ſable mouuant ; mais, entrant quelque peu dans les bois, la terre eſt bonne.

Le vendredy enſuyuant, nous partiſmes de ceſte

    l’iſle dés le ſoir… Le lundy 6. ledit ſieur enuoya des hommes à terre pour commencer à faire la cabanne pour la traitte. » Et un peu plus loin : « Les ouuriers qui ſont icy ſont employez aux habitations & fortifications qu’il faut faire à l’iſle de Richelieu & Trois Riuieres. » Suivant le P. Le Jeune (Rel. 1635, p. 13, édit. 1858), les sauvages appelaient cette île, Ka ouapassiniskakhi.

  1. La rivière de Sainte-Anne, dont il dit, dans son édit. de 1613, liv. II, ch. VII, « & l’auons nômée la riuiere Saincte-Marie. »
  2. La Chronologie Septenaire, dit : « qu’ils appellerent Sainct-Eloy. » Cette île, située en face de l’église actuelle de Batiscan, n’est plus guère connue sous ce nom ; mais le petit chenal qui la sépare de la terre ferme porte encore aujourd’hui le nom de Saint-Eloi.