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Page:Champollion - L'Egypte sous les Pharaons tome premier, 1811.djvu/43

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ce que nous venons d’avancer, il nous suffira de faire remarquer que les noms grecs Λεωντοσ‌τππολισ‌τ, Πηλο‌υσιοσ‌τ, Ηλιο‌υπολισ‌τ, sont les seuls qui rendent exactement la signification du vrai nom égyptien de ces trois villes célèbres.

Quant à ceux qu’ils n’ont point tenté de traduire et qu’ils ont voulu orthographier comme ils les entendaient prononcer, ils n’ont pu éviter de les défigurer et de les corrompre.

La différence de prononciation est une des grandes causes de l’altération de presque tous les noms étrangers que les Grecs ont conservés dans leurs écrits. Leur alphabet, très-borné par rapport à celui des nations orientales, n’avait point de signes propres à exprimer toutes les inflexions de la langue des Égyptiens[1]. Plusieurs lettres de l’alphabet de ces derniers étant étrangères aux Grecs, ceux-ci se virent dans la nécessité de leur en substituer d’autres qui leur étaient propres, et qui rendaient à-peu-près le même son. L’aspiration égyptienne ϩ, h, appelée ϩⲟⲣⲓ, Hori, par les Coptes, leur était inconnue. Le ϫ, genga égyptien, qui tient le milieu entre un S doux et notre J français, ne pouvait se rendre par aucun des caractères de l’alphabet des Grecs ; ils y substituèrent tantôt un Τ, tantôt un Σ, comme on le

  1. Aristides orat. Ægyptiaca, tome II, page 360.