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API ou HAPI.

(apis, taureau consacré à la lune.)
Planche 37

Il serait fastidieux d’énumérer ici tous les documents que l’antiquité classique nous a transmis relativement à l’animal sacré si connu sous le nom vulgaire de bœuf Apis[1] : on doit conclure de ces rapports circonstanciés, que le culte de ce taureau était populaire en Égypte, et presque général dans tous les nomes dès l’époque de la domination des Grecs, et surtout sous le gouvernement des empereurs, dont plusieurs, et des plus célèbres, crurent de leur politique de payer un tribut d’hommages publics à ce représentant de l’une des plus grandes divinités d’un pays si nécessaire à la prospérité de l’empire. Mais il est douteux que, dans les temps antérieurs, sous les rois de race pharaonique, lorsque les lois purement égyptiennes étaient en vigueur, on montrât pour Apis une vénération si marquée partout ailleurs que dans le nome où les livres sacrés avaient irrévocablement fixé la demeure et la sépulture de cet animal symbolique. Chacune des trente-six préfectures de l’Égypte primitive reconnaissait pour emblême de sa divinité protectrice un animal particulier, volatile, quadrupède, reptile ou poisson ; et cette sorte de religion locale a été désignée par les Grecs sous le nom de Θρησκεία[2]. Une telle institution, calculée dans un intérêt qu’il ne nous est point encore donné de juger en définitive, avait jeté de si profondes racines, que les médailles des nomes de l’Égypte frappées sous l’empire de Trajan, d’Hadrien et d’Antonin, portent, presque toutes, d’un côté l’effigie de l’empereur régnant, et de l’autre l’animal sacré particulier au nome[3], ou le dieu principal tenant sur sa main ce même animal, son symbole[4]. Plusieurs villes de l’Égypte rendaient un culte particulier au taureau ou plutôt aux divinités dont ce vigoureux quadrupède fut l’emblème spécial ;

  1. Voyez Jablonski, Pantheon Ægyptiorum, livre IV, chap. 2, qui a réuni la plus grande partie des passages relatifs à Apis, tirés des auteurs grecs et latins.
  2. Clément d’Alexandrie, Admonitio ad Gentes, pag. 26, D.
  3. Recherches sur les médailles des nomes, par Tochon, pages 54, 60, 73, 91, 100, 111, 117, 129, etc.
  4. Idem, pages 55, 56, 57, 63, 69, etc.