Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/180

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mais ces animaux différaient entre eux, soit de couleur, soit par quelques qualités ou marques particulières : le taureau Onouphis, nourri à Hermonthis ou dans quelque autre cité de la Thébaïde, en l’honneur du premier des dieux, Ammon, fut de couleur noire, d’une taille remarquable, et ses poils étaient, dit-on, dirigés à contre sens ; Mnévis, autre taureau nourri à Héliopolis comme emblème du Soleil, est représenté de couleur claire sur les monuments originaux ; mais le taureau Apis se distinguait de tous les autres taureaux sacrés de l’Égypte, non-seulement par son pelage, mais encore par des signes propres à lui seul et dont les auteurs grecs et latins parlent avec détail.

Quant à la couleur d’Apis, les monuments égyptiens originaux, sur lesquels son image est représentée, le représentent toujours noir ou bien mi-partie de noir et de blanc. Notre planche 37 le reproduit fidèlement tel qu’il est figuré à côté du taureau Mnévis[1], (que certains mythes populaires regardaient comme le père d’Apis), parmi les peintures d’un riche cercueil de momie du Musée royal égyptien de Turin. Un collier et une housse rouge à points bleu-céleste décorent l’animal sacré, dont le corps est entièrement noir. Le fouet, placé au-dessus de sa croupe, est l’emblème du pouvoir incitateur du dieu que l’animal rappelle, symboliquement, à l’adoration des hommes, et le serpent uræus, coiffé de la portion supérieure du pschent, indique la domination de cette divinité sur les régions d’en haut. Entre les cornes du taureau s’élève un disque de couleur jaune ; c’est celui de l’astre dont Apis était l’image sur la terre. Les deux plumes bleues qui surmontent le disque, emblèmes connus de justice et de vérité, ont un rapport direct à certaines fonctions funéraires que les Égyptiens attribuaient au taureau Apis, et dont il sera bientôt parlé dans l’un des articles suivants relatifs au même animal sacré.

  1. Voyez notre planche 38 et son explication.