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MNÉVIS.

(taureau consacré au dieu phré.)
Planche 38

D’importants et nombreux témoignages, épars dans les écrits des auteurs grecs et latins, établissent qu’à Héliopolis, ville de l’Égypte inférieure, voisine du sommet du Delta, et connue dans l’antiquité par son docte collége de prêtres, on nourrissait religieusement, en l’honneur du dieu éponyme de la cité, un taureau nommé Mnévis, ΜΝΕΥΙΣ[1]. L’inscription de Rosette en citant, comme l’un des motifs du décret qui décerne de grands honneurs au roi Ptolémée Épiphane, les dons offerts à Mnévis[2] par la pieuse libéralité de ce prince, prouve l’extrême vénération que l’on portait à cet animal symbolique. Il n’est point douteux que, comme le taureau sacré de Memphis, celui d’Héliopolis fût logé dans un édifice somptueux, qui était à la fois la demeure et le temple de cette image vivante du dieu de la lumière, auquel les habitants du nome héliopolite rendaient un culte si assidu.

C’est à ces faits seulement que se bornent en général les documents les classiques anciens sur le taureau sacré Mnévis. D’après un passage de Porphyre, cité par Eusèbe[3], cet animal, qui surpassait en grosseur tous ceux de son espèce, était de couleur noire, circonstance également notée par l’auteur du traité d’Isis et d’Osiris ; Porphyre prétend que cette couleur faisait allusion à la chaleur du Soleil, dont l’effet est de noircir la peau des hommes qui y sont habituellement exposés, et il ajoute : Testiculos habet (Mnevis) prægrandes quod rei venereæ cupiditas vî caloris excitetur, ipsaque adeo sol naturam inseminare dicatur. Les monuments égyptiens seuls peuvent décider jusqu’à quel point nous devons avoir confiance dans les détails que donne Porphyre sur le taureau fournis par

  1. Diodore de Sicile, liv. I, pag. 79, édit. de Rhodoman. – Strabon, liv. XVI, pag. 553, édit. de Is. Casaubon. – Macrobe, Saturnales, liv. I, § 21. – Ælien, Histoire des Animaux, liv. XI, chap. 10. — Plutarque, Traité d’Isis et d’Osiris.
  2. τῳ τε Απει και τῳ ΜΝΕΥΕΙ πολλα ἐδωρησατο. ligne 31.
  3. Préparation évangélique, liv. III, chap. 13.