Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mnévis. Malheureusement il ne reste rien des temples qui ornaient jadis la ville d’Héliopolis, et l’on ne peut plus chercher parmi leurs bas-reliefs l’image de l’animal sacré, qu’il serait si intéressant de retrouver sur les lieux mêmes où il fut particulièrement honoré. Pignorius était tenté de reconnaître Mnévis dans l’un des taureaux représentés sur la table isiaque[1] ; mais ce monument n’est qu’un ouvrage d’imitation et d’une époque peu reculée ; rien d’ailleurs n’autorisait encore ce savant à donner le nom de Mnévis à l’image d’un taureau qui ne réunit évidemment aucun des caractères indiqués par Porphyre.

L’unique monument original et d’ancien style égyptien sur lequel nous ayons reconnu une représentation authentique de Mnévis, existe dans le Musée royal égyptien de Turin : sur le couvercle du cercueil extérieur de la momie d’un prêtre nommé Schebamon, sont peints deux taureaux ; l’un, entièrement de couleur noire, est accompagné d’une légende hiéroglyphique qui se lit ; le dieu Api ou Apévé ; c’est Apis ou Epaphus, l’animal sacré de Memphis ; l’autre taureau (voyez notre planche 37) est, au contraire, de couleur jaune clair, et son nom propre se lit sans difficulté : le dieu MNÉ ; c’est évidemment l’orthographe égyptienne du nom que les Grecs ont écrit ΜΝΕ-ΥΙΣ, et les Latins mne-vis. Cet animal sacré porte entre ses cornes le disque du soleil qu’il représentait sur la terre ; à son cou est attaché un riche collier, dont le fermoir retombe sur sa croupe ; son dos est couvert d’une housse à fond rouge, surmontée du fouet, symbole de l’incitation ; devant le taureau sacré on a figuré l’uræus, emblème de la domination sur les régions supérieures.

Cette curieuse peinture, reproduite dans notre planche 37, légitime la conjecture de Pignorius, et nous donne en même temps le droit de croire que Porphyre a, par erreur, attribué à Mnévis les caractères particuliers à l’un des autres taureaux sacrés de l’Égypte, Onouphis ou Pacis, selon toute apparence.

  1. Mensa Isiaca.