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et les jambes torses (pl. 8, no 1), quelquefois ce nain est debout sur un crocodile (pl. 8, no 2), ou porte sur sa tête un scarabée, emblème de la génération (pl. 8, nos 2 et 3). Les légendes hiéroglyphiques qui accompagnent ces images, nomment cette singulière divinité, Phtah, ou Phtah-Socari, indifféremment.

Quel que soit le motif qui détermina les Égyptiens à représenter sous une forme aussi repoussante Phtah, l’une de leurs plus grandes divinités, le fait est désormais constaté, et à l’autorité des monuments que je viens de citer, se joint celle de l’un des écrivains les plus graves de l’antiquité : « Cambyse, dit Hérodote, étant entré dans le temple d’Héphaistus (Phtah), à Memphis, se moqua de sa statue, et fit des éclats de rire : elle ressemblait à ces dieux que les Phéniciens appellent Pataïques, et qu’ils peignent sur la proue de leurs vaisseaux ; ceux qui « n’en ont pas vu, entendront ma comparaison, si je leur dis que ces dieux sont faits comme des Pygmées. »

Les manuscrits et les bas-reliefs des Hypogées qui offrent l’image d’Ammon-Générateur et celle de Neith-Génératrice (pl. 4, 5 et 6 ter), nous montrent aussi le dieu Phtah, ou Phtah-Socari, générateur, encore sous la forme d’un Pygmée (pl. 8, nos 4 et 5), et tenant, comme son père Ammon, le fouet divin pour stimuler la Lune, qui envoie dans le monde terrestre les germes de tous les êtres vivants ; cette image de l’organisateur du monde a quelquefois deux têtes (pl. 8, no 6) ; l’une, humaine, c’est la tête ordinaire de Phtah ; et l’autre, celle d’un épervier surmontée de longues plumes, est celle que prend habituellement Phtah, lorsqu’il reçoit le surnom de Socari.

La figure no 4, extraite de l’un des manuscrits Égyptiens rapportés par M. Belzoni, représente Phtah ayant les pieds contournés comme l’Héphaistos Grec. Nous devons dire ici que cette circonstance prouve de plus, qu’Harpocrate, mot dont les deux dernières syllabes ποκράτ, Pokrat, expriment un individu dont les pieds sont délicats, mous ou malades, fut primitivement un des surnoms de Phtah. La description donnée par saint Épiphane, de l’impudique statue d’Harpocrate, image d’enfant, à tête rase ; ignoble et abominable, s’applique parfaitement aux représentations de Phtah générateur, numérotées 4 et 5 sur notre planche 8.