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PHTHA ou PTHA.

(phtha, héphaistus, vulcain.)
Planche 9

Ce personnage occupait la troisième place dans la nombreuse série des divinités de l’Égypte ; les Grecs, en l’assimilant à leur Héphaistos, le Vulcain des Romains, ont singulièrement rabaissé et son rang et son importance ; ils ont réduit les hautes fonctions de ce grand être cosmogonique à celles d’un simple ouvrier.

Telle ne fut point l’opinion des Égyptiens sur leur Phtha ; selon leurs mythes sacrés, la puissance démiurgique, l’esprit de l’Univers, Cnèph ou Cnouphis, avait produit un ouf de sa bouche, et il en était sorti un dieu qui portait le nom de Phtha[1]. Cet œuf était la matière dont se compose le monde visible ; il contenait l’agent, l’ouvrier qui devait en coordonner et en régulariser les diverses parties ; et Phtha est l’esprit créateur actif, l’intelligence divine qui, dès l’origine des choses, entra en action pour accomplir l’Univers, en toute vérité et avec un art suprême[2].

L’image du dieu Phtha est habituellement sculptée, sur les bas-reliefs, à la suite d’Amon-Cnouphis son père ; le grand Démiurge se montre en effet presque toujours accompagné de deux autres personnages divins ; d’abord de la déesse Néith sa première émanation, et, de plus, d’un dieu dont le corps est serré dans un vêtement très-étroit, qui l’enveloppe depuis le cou jusque sous la plante des pieds, et ne donne un libre passage qu’aux deux mains seulement. La tête de ce personnage mâle est couverte d’une coiffure très-simple, qui se modèle sur tout son contour ; ses mains tiennent le sceptre ordinaire des dieux bienfaisants, combiné, 1o avec cette espèce d’autel gradué à quatre corniches, qu’on nomme un nilomètre, et qui, dans l’écriture hiéroglyphique, est le symbole de la coordination ; 2o avec la croix ansée, emblême de la

  1. Eusèbe, Préparat. Évangel., liv. III, chap. 11.
  2. Iamblique, de Mysteris, sect. VIII, cap. 8.