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DE LA NOUVELLE-FRANCE

liste de cette maison écrit : « Les soins et la charité de M. Talon, notre nouvel intendant, furent incomparables pendant que nous eûmes cette quantité de malades. Il les visitait, les consolait et veillait lui-même sur tous leurs besoins, ses grandes affaires ne l’ayant jamais diverti de ce saint exercice, qu’il pratiquait autant que la providence lui en fournissait les occasions. »

Parmi les officiers et soldats arrivés durant l’été, il y avait quelques hérétiques dont plusieurs se convertirent. La plus notable de ces abjurations fut celle du capitaine Berthier. Talon crut faire plaisir au roi en l’informant de cet incident heureux. « Nous avons assisté, écrivit-il, MM. de Tracy, de Courcelle et moi, à l’abjuration que M. Berthier, capitaine du régiment de Carignan-Salières, a faite de son hérésie entre les mains de M. l’évêque de Pétrée. Il l’a faite en secret et à portes closes, différant de la faire publiquement et avec cérémonie dimanche prochain. Depuis mon arrivée, et il n’y a pas encore un mois, voilà le seizième converti. Ainsi Votre Majesté moissonne déjà à pleines mains de la gloire pour Dieu, et pour elle-même de la renommée dans toute l’étendue de la chrétienté. Comme je sais que cet officier a embrassé la religion de Sa Majesté sans considérer la ruine de ses affaires domestiques et de famille, je suis persuadé qu’il aura de la peine à subsister, si Votre Majesté n’a la bonté de lui faire quelque grâce, parce qu’il ne doit plus espérer

    que le désir de donner leur vie pour Dieu avait fait embarquer. La salle de l’hôpital étant pleine, il en a fallu mettre dans l’église, laquelle étant remplie jusqu’au balustre, il a fallu avoir recours aux maisons voisines. » (Lettres de la Mère de l’Incarnation, édition Richaudeau, vol. II p. 308).