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DE LA NOUVELLE-FRANCE

trouvé des esprits qui se plaisent à traverser les desseins du roi. Mon secrétaire vous en dira plus long ». Était-ce M. de Courcelle que visait cette phrase ? Nous inclinons à le croire, car déjà le gouverneur avait manifesté que l’influence et l’autorité de l’intendant lui portaient ombrage.

Talon informait aussi le ministre que les filles passées au Canada cette année avaient été maltraitées et mal nourries à bord du navire qui les avaient amenées. « Il y en a de quelque naissance, disait-il, qui se trouvent au nombre de quinze, plusieurs bien demoiselles et assez bien élevées… Elles se louent fort du traitement qu’elles ont reçu de messieurs de la compagnie à Rouen, à Dieppe et en rade ; mais elles m’ont fait de grandes plaintes de celui qu’elles ont reçu sur mer. Elles écrivaient ces mauvais traitements à leurs correspondants ; mais tant que j’ai pu j’ai détourné ce coup, pour l’obstacle qu’il aurait formé au dessein que vous avez d’envoyer l’an prochain des demoiselles bien choisies. » L’intendant se plaignait aussi qu’on eût expédié des chevaux de neuf ans et demandait qu’on les choisît plus jeunes.

Quant à la francisation des sauvages, Talon écrivait : « Les Pères Jésuites, auxquels j’ai fait une espèce de reproche, civilement néanmoins, de n’avoir pas jusqu’ici donné l’application qu’ils devaient à la politesse du naturel des sauvages et à la culture de leurs mœurs, m’ont promis qu’ils travailleraient à changer ces barbares en toutes leurs parties, à commencer par la langue. Vous verrez à quoi le supérieur du séminaire de Montréal s’engage par un écrit ci-joint. J’estime que si vous consentez que je lui promette de la part du roi que ses ouvriers ne seront pas inquiétés à l’avenir en tenant