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JEAN TALON, INTENDANT

école pour l’instruction des dits sauvages, on aura beaucoup fait pour les déprendre de leur humeur farouche, et que l’émulation se mettant entre eux et les dits Pères Jésuites ils travailleront à l’envi à la perfection de leur ouvrage. » Le révérend Père Le Mercier écrivait à ce propos dans la relation de 1668 : « On commence aussi à s’appliquer à nos sauvages d’ici, car depuis quelques conférences que monsieur Talon a eues sur les intentions du roi, expliquées par les dépêches reçues de M. Colbert en ce qui regarde l’éducation des sauvages, et leur conformité à nos mœurs, Mgr l’évêque de Pétrée et les Pères Jésuites ont déjà mis dans leurs séminaires un nombre de petits garçons sauvages pour y être élevés avec les enfants français ; ce que messieurs les ecclésiastiques qui sont au Mont-royal ont aussi pris la résolution de faire, comme encore monsieur Talon, qui est dans le dessein de faire élever cinq petites filles dans le séminaire des mères Ursulines. »

Les Jésuites avaient tenté, dès 1633, d’élever et de façonner à la française les jeunes sauvages. Le Père Le Jeune écrivait en 1636 : « Quelle bénédiction de Dieu si nous écrivions l’an prochain qu’on régente en trois ou quatre langues en la Nouvelle-France. J’espère, si nous pouvons avoir du logement, de voir trois classes à Québec : la première de petits Français, qui seront peut-être vingt ou trente écoliers ; la seconde de quelques Hurons ; la troisième de Montagnais. » Les Pères avaient établi à Notre-Dame-des-Anges un séminaire pour les enfants sauvages ; mais l’œuvre, en dépit de tous les sacrifices, ne put subsister[1].

  1. — Voir les articles de M. N.-E. Dionne, Le séminaire de Notre-Dame-des-Anges, publiés dans la Revue Canadienne, 1890.