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DE LA NOUVELLE-FRANCE

le syndic des habitants de cette ville et ressort d’icelle, que les marchands commettent plusieurs abus en la vente et débit de leurs marchandises, soit en excédant directement les prix d’icelles portés par les tarifs, ou en faisant indirectement passer à un même prix diverses sortes de toile, étoffes et autres marchandises quoiqu’il s’en soit rencontré qui soient taxées selon la différence qui se trouve des unes aux autres, faisant en cela tout passer au plus haut prix, à quoi il soit pourvu : le conseil a ordonné que tous marchands forains et autres tiendront journal exact des marchandises qu’ils vendront en un ou plusieurs articles, au-dessus de la somme de huit livres, excepté pour la vente des toiles, étoffes, fil et souliers, qu’ils seront tenus d’écrire, depuis le plus bas débit jusqu’au plus haut, soit à crédit soit à deniers comptants, et que les étoffes et toiles seront estampées sur bordereaux contenant les prix de chacune d’icelles en présence du syndic, par les commissaires qui seront à cet effet établis, lesquels garderont un échantillon de chacune d’icelles, sur lequel sera pareillement appliqué bordereau du prix pour y avoir recours quand besoin sera. » Comme on le voit, les mesures prises pour prévenir les contraventions étaient minutieuses et strictes. Il faut admettre que le commerce était alors soumis à des restrictions bien rigoureuses et qui cadrent mal avec le régime de liberté auquel nous sommes habitués de nos jours. Quelle clameur, si le parlement entreprenait aujourd’hui de dicter aux marchands les prix de vente de leurs marchandises ! Au dix-septième siècle, la chose ne paraissait point extraordinaire. C’était la tendance de l’époque de réglementer à outrance et d’intervenir, souvent avec excès, dans les affaires des parti-