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DE LA NOUVELLE-FRANCE

Nous pouvons maintenant nous faire une idée du budget des dépenses totales de la Nouvelle-France. Durant les douze mois qui s’écoulèrent du 15 juin 1665 au 15 juin 1666, le roi y consacra environ 358,000 livres[1]. Et le fonds du pays, ou le revenu des droits perçus au Canada fournit 46,500 : en tout 404,500 livres.

Quelques lecteurs se demanderont peut-être à quel chiffre de notre monnaie actuelle équivalait cette somme. La question n’est pas aussi simple qu’elle paraît de prime abord. La monnaie de compte officielle en usage sous Louis XIV était la livre tournois, qui valait vingt sols. Elle existait depuis plusieurs siècles, mais sa valeur intrinsèque avait suivi les fluctuations de valeur du marc d’argent fin, — unité de poids des métaux précieux, — aux diverses périodes de l’histoire de France. Ces variations furent considérables. Sous Philippe-le-Bel, en 1200, la livre tournois valait 21

  1. — Cette somme peut se décomposer comme suit :

    Fonds extraordinaire 
    20,000
    Entretien des troupes 
    233,000
    Envoi de colons et d’animaux domestiques 
    55,000
    Émoluments, de Tracy, Courcelle, Talon, etc 
    50,000

    358,000

    Nous avons choisi cette période de juin 1665 à juin 1666, non parce qu’elle constitue précisément ce qu’on appelle de nos jours un exercice financier, mais parce que nous avons le chiffre exact des dépenses militaires faites entre ces deux dates, et que tous les autres articles du budget que nous venons d’énoncer rentrent également dans le cadre de ces douze mois.