Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/291

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
277
DE LA NOUVELLE-FRANCE

nouvelles bourgades qui facilitent la navigation, la rendant et plus agréable par la vue de quantité de maisons, et plus commode par de fréquents lieux de repos. La crainte des ennemis n’empêche plus nos laboureurs de faire reculer les forêts, et de charger leurs terres de toutes sortes de grains dont elles se trouvent capables autant que celles de France. » À Montréal, l’activité n’était pas moindre qu’à Québec. Les établissements se multipliaient rapidement. C’est alors que furent mises en culture les terres de la Longue-Pointe, de la Pointe-aux-Trembles, de Lachine. Au printemps de 1668, les Pères LeMercier et Dablon montèrent à La Prairie de la Magdeleine — seigneurie appartenant aux Jésuites, — et y donnèrent plus de quarante concessions. On défrichait aussi dans la région de la rivière Richelieu. « Les forts qui ont été faits sur le chemin des Iroquois sont demeurés avec leurs garnisons, » écrivait la Mère de l’Incarnation. « L’on y défriche beaucoup, surtout au fort de Chamblay (Chambly) et Soret (Sorel). Ces Messieurs qui sont fort honnêtes gens, sont gens à établir avec la permission du roi des colonies françaises. Ils y vivent de ménage, y ayant des bœufs, des vaches, des volailles. Ils ont de beaux lacs fort poissonneux tant en hiver qu’en été, et la chasse y est abondante en tout temps. Tous vivent en bons chrétiens… L’on a fait des chemins pour communiquer des uns aux autres, parce que les officiers y font de fort belles habitations, et font bien leurs affaires avec les alliances qu’ils font avec les familles du pays. »

La statistique officielle pour l’année 1668 donnait des chiffres très satisfaisants. Le recensement de 1667 avait indiqué 11,448 arpents de terre en culture, le relevé de