Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
311
DE LA NOUVELLE-FRANCE

du Canada. On résolut d’y renvoyer des troupes pour assurer davantage la sécurité du pays, tout en contribuant ultérieurement à le coloniser, et d’y faire passer encore un grand nombre de filles et d’hommes de travail, ainsi que des animaux domestiques, si utiles à l’agriculture. Des sommes relativement considérables furent affectées à ces objets. Mais tous ces efforts, toute cette dépense, ces envois de soldats et de colons, produiraient-ils leur maximum d’efficacité sans la direction du fonctionnaire expérimenté qui durant trois ans avait réalisé tant de progrès ? Convaincus du contraire, Louis XIV et Colbert se persuadèrent qu’il fallait le déterminer à retourner au Canada. Sans doute le roi lui avait donné son congé, Colbert l’avait rappelé, un autre intendant avait été nommé à sa place, vraisemblablement pour un terme d’office de deux ans au moins. Sans doute aussi Talon avait eu des raisons sérieuses de demander son rappel. Néanmoins, tout cela ne devait-il pas s’effacer quand il s’agissait du service du roi et du bien public ?

En quittant Québec, Talon s’attendait à y revenir, mais non pas immédiatement. Il repassait en France pour rétablir sa santé, pour régler des affaires de famille, et aussi pour permettre au temps et à l’absence d’adoucir certaines susceptibilités, et de désarmer certaines critiques. Cependant la volonté royale supprima toutes ses objections. Trois mois à peine après, son retour, il lui fallut se préparer à traverser de nouveau l’Océan pour reprendre ici ses fonctions[1]. Il était arrivé à

  1. — « Puisqu’il plaît au roi, écrivait-il, que Talon retourne au Canada, il est prêt à le faire, mais pour que le service qu’il doit y rendre soit aussi utile qu’il le désire, il demande qu’il