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JEAN TALON, INTENDANT

restauration des finances, la diminution des impôts, l’emploi des soldats pour les travaux publics, l’établissement des manufactures, la codification des lois, la construction du canal des deux mers ou du Languedoc : c’étaient toutes ces initiatives et toutes ces réformes bienfaisantes de l’illustre administrateur que le poète décrivait en périphrases harmonieuses.

L’intendant Talon arrivant à Paris dans les derniers jours de 1668, ou au commencement de 1669, n’aurait pu choisir un moment plus propice pour lui-même et pour la Nouvelle-France. Il avait accompli avec succès la tâche confiée à son zèle. Louis XIV et Colbert devaient donc être contents de lui, et d’autant plus inclinés à le manifester qu’ils étaient plus satisfaits d’eux-mêmes et de leur fortune. Colbert conduisit Talon chez le roi. Il fit à celui-ci, en présence de l’intendant, l’éloge de ce dernier, et rendit le plus favorable témoignage aux services rendus par lui dans l’exercice de ses fonctions au Canada[1].

À ce moment de sa carrière ministérielle, Colbert libre de ses mouvements, et pouvant consacrer un budget considérable aux entreprises pacifiques, se trouvait disposé à faire de plus grands efforts pour le développement de la marine et l’accroissement des colonies. Talon n’eut aucune peine à le persuader qu’il fallait continuer à fortifier la Nouvelle-France. Et Louis XIV entra dans toutes leurs vues. Le résultat des audiences de Talon avec le roi et le ministre fut donc une recrudescence d’activité et d’ardeur pour le peuplement et le progrès

  1. Talon à Colbert, 11 nov. 1670 ; Arch. féd., corr. gén., vol. III.