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DE LA NOUVELLE-FRANCE

mot, je dois vous dire qu’il est nécessaire qu’un homme, au poste où vous êtes, souffre quelquefois les défauts des autres et qu’il sache se servir de leurs bonnes qualités, encore même qu’elles soient mêlées de mauvaises, pour concourir au bien du service et à l’exécution des intentions du roi[1]. »

Quelles que fussent les impressions de MM. de Courcelle et de Bouteroue, la nouvelle du retour de Talon causa une grande joie dans la colonie. La Mère de l’Incarnation écrivait : « L’on attend de jour en jour M. Talon que le roi renvoie pour régler toutes choses en ce pays, et les former selon le dessein de Sa Majesté. Il a cinq cents hommes avec lui, et seulement deux femmes de qualité avec leurs servantes. » Et plus loin, dans la même lettre : « Je reviens encore à M. Talon. Si Dieu le fait arriver heureusement au port, il trouvera de nouveaux moyens d’enrichir le pays. L’on a découvert une belle mine de plomb ou d’étain à quarante lieues au delà de Montréal, avec une mine d’ardoise, et une autre de charbon de terre. Mon dit sieur est homme à faire valoir tout cela avec avantage. Il a déjà fait faire une très grande brasserie avec de

  1. Lettres, Instructions, etc., 3, II, pp. 450, 451. — M. de Bouteroue vivait encore en 1674 ; il était mort en 1680. (Michaud, loc. cit.) — Talon écrivait à Colbert, le 10 novembre 1670 : « Si ma très humble prière pouvait auprès de vous quelque chose en faveur de M. de Bouteroue, je l’emploierais très volontiers pour qu’il reçût par votre moyen quelque grâce du roi. En vérité quoiqu’il n’ait pas l’action que demande le Canada, il a pour les emplois d’un moindre détail beaucoup de bonnes et de belles qualités, et s’étant autant bien acquitté qu’il a pu de celui qu’il avait ici, il part avec l’approbation des honnêtes gens. »