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JEAN TALON, INTENDANT

forme ancienne et traditionnelle, et ce fut l’une de celles qui survécurent le plus longtemps à la grande transformation politique et sociale de 1760.

Les premiers vaisseaux arrivés de France apprirent à MM. de Courcelle et de Bouteroue le prochain retour de M. Talon. Nous ignorons quels furent alors les sentiments des deux fonctionnaires. M. de Bouteroue se trouva peut-être remplacé bien vite ; et M. de Courcelle dut goûter médiocrement la perspective de voir arriver son rival entouré d’un nouveau prestige. Cependant, comme les relations entre le gouverneur et le successeur de Talon laissaient beaucoup à désirer, le regret de la séparation annoncée ne dut pas être très vif de part et d’autre. M. de Courcelle était loin de s’entendre parfaitement avec M. de Bouteroue. Il trouvait celui-ci trop favorable aux autorités religieuses, et s’en était plaint à Colbert, qui lui répondit comme suit dans sa lettre du 15 mai 1669 : « Pour ce qui concerne M. de Bouteroue, comme Sa Majesté a résolu de renvoyer M. Talon, et qu’il vous porte lui-même cette dépêche, je n’ai rien à vous dire sur son esprit, mais peut-être que, avec le temps, vous auriez reconnu en lui de meilleures qualités que vous n’avez fait en si peu de temps que vous l’aviez pratiqué lors de la date de vos lettres ; au moins vous puis-je assurer que c’est un homme qui est en fort bonne estime et qui avait rempli dignement les fonctions de son emploi ; et quoique je sois persuadé qu’il n’eût pas été, avec le temps, si absolument dépendant de M. l’Évêque et des pères Jésuites, je crois néanmoins qu’il est fort à estimer d’avoir eu de la déférence et de l’estime pour eux. » Puis Colbert ajoutait ces lignes, où la leçon était fort peu dissimulée : « En un