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DE LA NOUVELLE-FRANCE

ples qui troubleraient la paix ; il allait commencer à punir sur l’heure les Tsonnontouans en retenant les prisonniers qu’on lui avait amenés des Outaouais pour les leur rendre. Il terminait en leur montrant que leur soumission à ses ordres pacifiques était toute à leur profit ; ils en retiraient un avantage considérable, puisqu’ils pouvaient venir tranquillement à Québec chercher des missionnaires ainsi que les marchandises dont ils avaient besoin. Un capitaine huron, âgé de quatre-vingts ans, prononça ensuite une éloquente harangue, dans laquelle il fit l’éloge d’Ononthio, qui se montrait vraiment le père des peuples sauvages, « tantôt reprenant les uns, et tantôt punissant les autres, menaçant celui-ci, exhortant celui-là à vivre en paix avec ses frères. » Enfin Garakonthié parla à son tour au nom des Iroquois. Il protesta que les Tsonnontouans n’avaient pas attaqué les Outaouais, mais seulement les Onkoüagannhas qu’Ononthio n’avait point pris sous sa protection. « Quant à la foi, s’écria-t-il, je la professe publiquement, je n’adhère plus à la superstition, je renonce à la polygamie et à la vanité des songes. C’est moi proprement qui obéit à Ononthio et non pas ces Outaouais qui, après tant d’années, ne sont pas encore chrétiens. »

D’après ce qui fut dit de part et d’autre dans ces assemblées, on jugea que les Outaouais avaient eu tort de commettre un acte d’hostilité, et que les Iroquois étaient blâmables pour n’avoir pas soumis leurs griefs à Ononthio ; que les premiers semblaient mieux disposés à la paix, puisqu’ils rendaient leurs prisonniers, tandis que les Iroquois n’avaient point encore rendu les leurs. Comme conclusion, il fut arrêté que le gouverneur manderait aux Tsonnontouans de libérer leurs