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JEAN TALON, INTENDANT

dans quinze jours on eut mené et ramené un grand bateau jusques au-dessus d’Otondiata, sans que personne s’y fut perdu. » Cette démonstration hardie produisit un grand effet sur les cantons, « les intimida beaucoup et rabattit même tellement leur audace qu’ils firent passer la frayeur que cette entreprise leur donna jusque chez les Européens qui leur étaient voisins, lesquels suivant leur rapport, appréhendaient l’arrivée de M. de Courcelle avec une multitude de gens de guerre que l’épouvante des Iroquois leur avait fabriqué[1]. »

Comme on le voit par ses lettres relativement au péril iroquois et par ses projets d’établissement au lac Ontario, Talon, dès le début de sa seconde intendance, se préoccupait très vivement des affaires extérieures de la colonie. Ce sera là le trait distinctif de son administration durant cette période. De 1665 à 1668, il avait surtout consacré ses efforts à l’organisation administrative, judiciaire et politique, au progrès de la colonisation, de l’agriculture, de l’industrie, du commerce, en un mot aux affaires intérieures de la Nouvelle-France. Après son retour en 1670, sans se désintéresser de l’administration interne, il semble ambitieux d’agrandir son rôle, d’élargir son champ d’action, il forme de vastes desseins et prend des mesures hardies pour assurer l’extension de l’influence française au nord, au sud et à l’ouest. Continuer à fortifier la colonie par le développement intérieur : oui, sans doute ; mais, poursuivre aussi le même but en travaillant à accroître son prestige, à consolider son système d’alliances avec les peuples sauvages, à prolonger sa sphère de pénétration et d’acti-

  1. Histoire du Montréal, p. 203.