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DE LA NOUVELLE-FRANCE

Talon revient encore sur ce désagréable sujet, dans son mémoire du 11 novembre 1671 : « On me dit, écrit-il au ministre, mais je n’en sais rien, que M. de Courcelle, qui m’a traité en petit subalterne et presque en valet, se plaint le premier. Si cela est, il n’est pas juste qu’après avoir souffert avec patience de sa conduite, tâchant même auprès de vous, Monseigneur, de le justifier ainsi que je l’ai toujours fait jusqu’à mon retour en ce pays, je sois regardé comme un homme qui n’aime pas la paix, quoique j’ai fait la principale étude à la procurer partout, et je puis dire avec quelque succès que j’ai payé avec bien des déplaisirs. Il s’est plaint, à ce que j’ai appris par mon secrétaire, qu’il ne faisait rien ici. Il est vrai, mais sa plainte tourne contre lui. Il serait fort à désirer qu’il eût autant agi que moi ; je n’aurais pas consommé ma santé dans les veilles et dans les travaux, et les établissements de cette colonie en seraient bien mieux. Il ne faut sur son action et la mienne qu’entendre ceux qui ont vu l’une et l’autre. Cependant pour qu’il n’eût lieu de se plaindre sur les fonctions, je lui ai fait offrir par mon secrétaire ou le tout ou la partie des miennes qui lui serait plus agréable. Il s’est plaint aussi que je faisais des choses sans sa participation, comme l’envoi de M. de St-Lusson aux Outaouais. Cet officier n’est jamais parti d’ici sans prendre congé de lui, et qu’auparavant je ne lui en eusse parlé. Mais il est vrai que je ne lui ai pas déclaré tout ce que portait l’instruction du sieur de St-Lusson parce que j’étais fort assuré qu’il traverserait sous main le service qu’il devait rendre au roi, comme il lui est arrivé de le faire fort souvent quand il a connu mes vues et mes desseins avant leur exécution. Et sa pratique, dont mon secré-