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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/394

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DE LA NOUVELLE-FRANCE

Talon, de son côté, aurait accru sa réputation de sagesse et de savoir-faire, et ménagé les susceptibilités de son supérieur hiérarchique, en le consultant plus souvent, en l’associant davantage à ses desseins. Tous deux avaient leurs prétentions, et comme il n’y avait pas entre eux de sympathie, il leur arrivait fréquemment de se heurter, tantôt à propos de choses sérieuses, et parfois pour de petites questions personnelles. Voici un exemple de ce dernier cas. Talon prétendait avoir droit à la seconde place dans l’église lorsque M. de Courcelle y était, et la première lorsqu’il n’y était pas. Le gouverneur s’opposait à ce qu’il reçût cette marque d’honneur. L’intendant fit appel à Colbert : « Mon dit sieur de Courcelle, écrivit-il, fait sur cela une affaire, à ce que Talon estime, assez mal à propos, au sentiment de tout le monde, même de M. l’évêque, qui peut éclaircir cet article. Quoiqu’il soit réglé là-dessus, ou pour ou contre, je serai très content, ne regardant que le caractère que le roi me fait l’honneur de me donner. Il dépend de Sa Majesté ou de l’élever ou de l’abaisser autant qu’il lui plaira[1]. »

  1. Talon à Colbert, nov. 1671. — Arch. féd., Can., corr. gén., vol. III. — Les questions d’étiquette et de préséance occupèrent une grande place ici sous notre ancien régime. Nos vieilles archives en sont pleines. En 1668 le roi avait dû porter un règlement à propos d’un différend survenu à Québec entre les officiers des troupes et les marguilliers de la paroisse. Les premiers prétendaient avoir le pas sur les seconds dans les marches et processions. De son château de Saint Germain-en-Laye, le 2 mars 1668, Louis XIV décréta que dans les dites processions et cérémonies, « au dedans et au dehors des églises, tant cathédrale que paroissiale, le gouverneur général ou le gouverneur particulier marcherait le premier, après lui les officiers de justice et ensuite les mar-