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DE LA NOUVELLE-FRANCE

connaître qu’il le devait attendre de Sa Majesté, qui seule aussi pouvait le lui faire accorder, et qu’il était de ses intérêts de tenir tous ses établissements d’elle, parce que d’elle seule il en dépendait. Il m’a sur cela témoigné bien recevoir mes avis, et ensuite beaucoup de reconnaissance[1]. »

Dans ces dernières lignes, nous entendons le langage et nous voyons se manifester sans détour l’esprit du gallicanisme d’ancien régime. Tout vient du roi, même les dignités ecclésiastiques. Le roi est le protecteur et le patron du clergé. Il distribue les prébendes, les offices, les diocèses. Les évêques et autres dignitaires relèvent de lui pour leur temporel, et il exerce sur eux une juridiction civile et politique qui balance souvent

    Québec relèverait directement de Rome ; à Paris l’on insistait pour que le nouveau diocèse fût suffragant de l’archevêché de Rouen. Cette affaire ne fut réglée qu’en 1674. On sait que l’évêché de Québec releva directement de Rome.

    M. Faillon attribue à Talon dans cette affaire un rôle actif que celui-ci n’a pas joué. Aux pages 428, 429, 430 et 431 de son troisième volume, il confond évidemment notre intendant avec Denis Talon, son cousin, le célèbre magistrat dont nous avons parlé au premier chapitre de ce livre. C’est ce dernier qui a rédigé les mémoires et consultations que mentionne l’estimable historien. Le projet de bulle fut expédié à Paris au printemps de 1668, les observations de Talon sur ce projet furent envoyées au duc de Chaulnes, ambassadeur de France à Rome, le 21 juillet 1668. (Archives du ministère des Affaires étrangères, Paris ; volume 192, — Rome ; folios 132 à 145). Or, pendant tout ce temps, l’intendant Talon était à Québec. Il ne traversa en France qu’à la fin de novembre de cette année. Il était donc matériellement impossible qu’il participât aux négociations poursuivies durant l’été.

  1. Talon à Colbert, 10 nov. 1670. — Arch. féd., Canada, corr. gén., vol. III.