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JEAN TALON, INTENDANT DE LA NOUVELLE-FRANCE

la juridiction spirituelle du Souverain Pontife. Au XVIIème siècle, l’Église de France, où brille tant de science et de vertus, est malheureusement trop façonnée suivant ces pratiques et ces maximes, trop habituée à subir le joug doré, les entraves et les empiètements du pouvoir royal. Le moment n’est pas éloigné où, sous l’inspiration de Louis XIV et de Colbert, une fameuse assemblée du clergé français proclamera, par une étrange antinomie, « les libertés de l’église gallicane » ; ce qui fera écrire à Fénelon : « Le roi, dans la pratique, est plus chef de l’Église que le Pape en France. Libertés à l’égard du Pape ; servitude à l’égard du roi »[1]. Les évêques les moins gallicans par leurs principes et leurs doctrines, les ordres religieux les plus fermement attachés au siège apostolique, ne peuvent s’empêcher de subir, au moins dans certaines circonstances, une situation plus forte que leur volonté, et consacrée par une longue prescription.

Mgr de Laval n’était pas gallican. Il savait parfaitement ce qu’il devait au roi et ce qu’il devait au Pape. Quant à Talon, en écrivant les lignes que nous venons de reproduire, il exprimait tout naturellement les idées dans lesquelles il avait grandi, et qui lui paraissaient absolument incontestables.



  1. Œuvres complètes de Fénelon, Paris, 1850, chez Gaume ; vol, VII, p. 186.