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JEAN TALON, INTENDANT

le roi, voulant établir au Canada des ateliers de marine, y avait envoyé des charpentiers experts. Et il défendait d’abattre les chênes, les ormes, les hêtres, et les merisiers, jusqu’à ce que ces ouvriers eussent fait dans les différentes localités leur inspection et leur choix. Le tout à peine de cinquante livres d’amende. Un règlement plus ample devait être porté ultérieurement sur cette matière[1]. Comme corollaire de cette ordonnance, Talon introduisit dans tous les actes de concession de fiefs accordés par lui, de 1670 à 1672, la condition que le concessionnaire conserverait, sur son domaine, les bois de chênes propres à la construction des vaisseaux et stipulerait la même réserve dans les concessions qu’il ferait à son tour. Par l’une de ses réponses à l’instruction du roi, faites après son arrivée à Québec, en 1670, on voit qu’il se proposait de faire border de jeunes chênes le Saint-Laurent, et de faire semer des glands sur les rivages du fleuve.

Durant l’année 1670, trois vaisseaux construits au Canada avaient été envoyés aux Antilles pour faire le commerce[2]. Outre du poisson vert et sec, des pois, de l’anguille, du saumon, de l’huile, des madriers, des planches, Talon y avait fait charger de la bière, de l’orge, du houblon, et cinq barriques de farine canadienne. Plusieurs autres étaient sur le chantier en 1671. Malgré leur tonnage peu considérable — il y en avait un de 50 et un autre de 35 tonneaux, — Colbert consentit à les faire bénéficier de la prime de construction promise par le roi. « Quoique ceux que vous me marquez soient

  1. — Ordonnance du 2 sept. 1670. — Arch. prov. Documents, carton I, 1651 à 1672.
  2. Lettres, Instructions, etc., 3, II, p. 512.