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DE LA NOUVELLE-FRANCE

bien petits, écrivait-il, le 11 février 1671, puisque vous les estimez nécessaires pour la pêche, la communication de l’Acadie et le commerce des îles, vous pouvez donner les gratifications accordées par l’arrêt que vous trouverez ci-joint à ceux qui entreprendront de pareilles constructions ; à quoi il n’y a rien de si important que d’exciter les habitants, vu que, par ce moyen, ils se déchargeront des marchandises qui leur sont superflues et qu’ils rapporteront chez eux celles qui leur seront utiles et dont ils auront un prompt débit[1]. »

Talon avait proposé au roi l’échange d’un vaisseau. Ce bâtiment, trop pincé et de trop petit fond, n’était pas d’un port assez considérable pour le commerce des îles. L’intendant s’en était néanmoins servi pour cet objet, et cette expérience lui avait coûté trois mille livres. Mais le même navire, léger et bon voilier, pouvait être utile à la marine royale comme brûlot ou porte-nouvelles. Talon l’estimait à 10,000 livres ; si le roi voulait le prendre à ce prix, et ajouter une somme égale, l’intendant achèterait en Hollande un vaisseau de 300 tonneaux qui pourrait avantageusement servir aux relations commerciales entre le Canada et les Antilles. Colbert consulta M. de Terron à ce propos ; mais le navire qu’il s’agissait d’échanger s’étant ouvert dans le havre de Dieppe sous le poids d’une cargaison de sucre, par un imprudent échouement, cet accident termina l’affaire[2].

  1. Ibid. — En France, « des primes de 4 à 6 francs par tonneau furent accordées à tous négociants qui feraient construire des navires au-dessus de cent tonneaux. » (Henri Martin, Histoire de France, 13, p. 121).
  2. Addition au présent mémoire, 10 nov. 1670. — Colbert à Talon, 11 février 1671. — Talon à Colbert, 11 nov. 1671.