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DE LA NOUVELLE-FRANCE

rantes. Quoiqu’il ne reçût que plus tard et graduellement les titres des différentes fonctions ministérielles dont il fut chargé, on peut dire que de ce moment date véritablement son administration. C’est ce que fait très bien ressortir M. Geffroy dans la préface de l’Histoire de Golbert[1] :

« Le roi, écrit-il, décida en le nommant (au conseil des finances) qu’il ordonnerait de beaucoup d’affaires à lui tout seul : c’était lui remettre toute l’administration financière, c’était lui conférer à l’avance une autorité que sanctionna, en décembre 1665, le titre de contrôleur-général, que devaient conserver les ministres des finances jusqu’en 1789. Cette autorité était fort étendue. Le contrôleur-général des finances était non seulement chargé de la perception des impôts ainsi que des paiements au nom du Trésor, mais aussi de tout ce qui pouvait influer sur le revenu de l’État, sur l’assiette et sur le taux des diverses impositions, sur les sources enfin de l’impôt, telles que l’agriculture, le commerce et l’industrie. Il est très difficile de se rendre compte des limites entre lesquelles furent contenus les pouvoirs dont Colbert reçut le dépôt, tant l’ancienne organisation administrative de la France comportait de nombreuses et étranges anomalies. Il eut dans son département, avec les finances, la marine et le commerce, les ports et les fortifications maritimes, toutes les places fortes de ce qu’on nommait alors l’ancien domaine du roi. Ce ne fut pourtant que le 9 mars 1669 qu’il fut chargé officiellement de la marine, des manufactures

  1. Histoire de Colbert et de son administration, par Pierre Clément, troisième édition ; Paris, Perrin et Cie, 1892.